Frédérique Jossinet
Doctorante
Affiliation : Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Localisation : Moorea
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Domaines de recherche : tourisme / biodiversité / patrimoine / conservation de la nature / image

La Polynésie française s’ouvre au tourisme à partir des années 1970 sur la base d’un imaginaire géographique lié à l’exotisme et aux milieux d’exception que sont les lagons, aujourd’hui anthropisés par l’activité touristique. Caractérisé par un peuplement ancien puis une occupation coloniale française à partir du 19ème siècle, ces îles du Pacifique Sud sont le lieu d’une culture riche et d’une biodiversité abondante qui font l’objet de processus de patrimonialisation. L’enjeu de ce travail est d’analyser les rapports entre la biodiversité et sa conservation, l’activité touristique régie par les puissances occidentales, et les divers processus de patrimonialisation. Ces territoires sont soumis à une double fragilité environnementale et socio-économique qui les rend vulnérables aux changements globaux comme le changement climatique ou la crise de la covid-19. Il s’agit alors de comprendre comment les acteurs du territoire (collectivités territoriales, promoteurs et prestations touristiques, usagers) interagissent pour la gestion du lagon, vu comme un bien commun. L’objectif de ce travail est d’identifier une patrimonialisation de la nature « par le bas » en regard de la patrimonialisation institutionnelle par les aires protégées et de celle engagée par le secteur touristique avec la construction de l’image des « bouts du monde » préservés, dans une perspective décoloniale. L’articulation de ces trois processus sera mise en relation avec la conservation des milieux et la capacité de résilience du socio-écosystème face aux crises. Pour ce faire, trois terrains contrastés d’un point de vue des modes de gouvernance et du degré d’anthropisation ont été choisis : les îles de Bora Bora, Moorea et Fakarava. Des techniques d’enquêtes qualitatives et quantitatives y seront appliquées pour comprendre les jeux d’acteurs, l’organisation territoriale et les perceptions du lagon, dans une collaboration interdisciplinaire avec les biologistes du Criobe. Un travail sur l’image de ces îles construites par les acteurs touristiques à l’échelle internationale sera également menée pour appréhender le rôle des promoteurs touristiques.