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La Polynésie française, championne de la conservation des requins de récif dans le monde

  • Post category:À la une / Publication
  • Temps de lecture :4 min de lecture

  • Titre : Global Status and Conservation Potential of Reef Sharks
  • Auteurs & co-auteurs : McNeil, A., Chapman, D., Heupel, M. Simpfendorfer, C., Heithaus, M., Meekan, M., Harvey, E., Goetze, J., Speed, C., Currey-Randall, L., Gorham, T., Bond, M., Shermand, C. S., Rees, M. J., Udyawerg, V., Clua, E.E.G.,… and J. E. Cinner
  • Année : 2020
  • Jounal : Nature
  • DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3000702

L’objectif général de ce consortium de chercheurs (www.globalfinprint.org) consistait à dénombrer les différentes espèces de requins de récif et leur densité à l’échelle planétaire, afin de mieux comprendre les facteurs qui menacent aujourd’hui leur survie ou, au contraire, ceux qui permettent leur conservation. Pour y parvenir des centaines de chercheurs à travers le monde ont immergé des caméras sous-marines fixées sur des supports métalliques qui incluaient aussi des récipients contenant des appâts. Attirés par l’odeur, les requins de la zone s’approchent plus facilement, ce qui permet de les dénombrer. Plusieurs caméras étaient immergées pendant 90 minutes et ce trois à quatre fois par jour, à divers endroits choisis au hasard sur la pente récifale. Dans le monde entier, ce sont plus de 15 000 sessions qui ont été conduites, de même que des milliers de plongées permettant de recueillir des informations complémentaires comme la disponibilité en ressources alimentaires pour les requins. En Polynésie française, 17 îles ont été étudiées entre octobre 2016 et décembre 2017, pour un total de 4 300 heures de vidéo.

Les critères d’évaluation de la santé des populations de requins reposaient sur le nombre d’espèces différentes de requins (et raies) qui apparaissaient sur l’écran, de même que le nombre d’individus d’une même espèce au même moment. A ce jeu, c’est la Polynésie qui arrive loin devant toutes les destinations, notamment telles que Palau, Hawaii ou les Fidji dans le Pacifique, que l’on peut considérer comme concurrentes sur le marché de l’observation des requins, dont beaucoup de touristes sont friands à travers le monde. Selon cette même étude, la Polynésie devrait cette situation à la mise en place, dès 2006, d’un sanctuaire protégeant les requins, alors que beaucoup d’autres pays ont continué à tolérer la pêche qui tuent directement les requins, ou le développement urbain sur les littoraux et la mauvaise gestion des effluents d’eau douce, qui altèrent significativement leur habitat.

Dans les autres outremers français impliqués dans l’étude, la Nouvelle-Calédonie apparaît comme un site lui aussi privilégié en ce qui concerne l’état de santé des populations de requins de récif. En revanche, les Antilles françaises accusent des résultats avec des densités très proches de… zéro ! De telles situations sont alarmantes étant donné le rôle important que ces prédateurs jouent dans l’équilibre et la productivité des écosystèmes récifaux. Toute aussi alarmante est la situation d’autres territoires ultra-marins français, tel que la Réunion qui ne faisait pas partie de l’étude, où des campagnes de pêche de régulation pour gérer le risque de morsure sur l’humain, outre le fait d’être inefficaces, s’attaquent aussi inutilement aux populations de squales.