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Lancement du projet MARHAB

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Un nouveau projet de l’UE, MarHab, vise à améliorer le statut des habitats marins en Europe.

Le CNRS, ainsi que le CCMAR/DTU/IMR/SLU/UGOT participent à un nouveau projet de l’UE Horizon lancé le 1er janvier 2024, portant sur les habitats marins sous pression en Europe et au-delà, intitulé : « Améliorer le statut des habitats marins en tenant compte de la dynamique des écosystèmes » (MARHAB).

MARHAB a été lancé en Norvège du 5 au 7 février, avec la participation de tous les partenaires, de l’Agence exécutive européenne de la recherche, de la Direction générale de l’environnement de la Commission européenne et de représentants du conseil consultatif scientifique de MARHAB.

Les différents partenaires de MarHab pendant la réunion de lancement, à Lyngør. Photo : Even Moland, IMR
Les différents partenaires de MarHab pendant la réunion de lancement, à Lyngør. Photo : Even Moland, IMR

MARHAB est coordonné par l’Institut norvégien de recherche marine (IMR). Les partenaires supplémentaires sont l’Université de Göteborg (UGOT), l’Université suédoise des sciences agricoles (SLU), l’Université technique du Danemark (DTU), le Centre des sciences marines (CCMAR) de l’Université de l’Algarve (Portugal) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS, France).
Bien que la Directive européenne sur les habitats ait été adoptée il y a 30 ans, la grande majorité des habitats marins et des espèces protégés par la Directive montrent encore un statut de conservation défavorable. La situation est particulièrement préoccupante en Europe du Nord, où le statut de conservation des habitats marins dans la région du Kattegat-Skagerrak est systématiquement faible.

« Le statut des habitats marins en Europe et ailleurs est étroitement lié à la pêche, à la fois par l’impact physique direct de la pêche – par exemple causé par le chalutage de fond, mais surtout aussi par ses effets indirects », déclare Even Moland, porteur du projet MARHAB. En particulier, la perte de gros poissons prédateurs et ainsi de leur rôle régulateur provoque des « cascades trophiques », perturbant l’écosystème et entraînant une détérioration des habitats benthiques.
Des études ont montré que les deux principaux facteurs impactant les habitats côtiers sont l’enrichissement en nutriments et la perte de poissons prédateurs, les deux facteurs contribuant approximativement de manière égale. Alors que l’enrichissement en nutriments et la déplétion en oxygène ont reçu beaucoup d’attention scientifique – et ont été un point central des efforts de gestion depuis plusieurs décennies, la baisse des gros prédateurs dans les écosystèmes marins côtiers n’a pas été suffisamment pris en compte.

Ulf Bergström de l’Université suédoise des sciences agricoles est à l’avant-garde de la documentation des effets des premières réserves marines sans prélèvement de la Suède et dirige l’un des volets de travail de MARHAB. « Pour empêcher un déclin supplémentaire de la biodiversité dans les habitats marins, il est urgent d’incorporer et de diffuser le rôle et l’importance de la dynamique trophique dans le maintien de la fonction et de la santé des habitats », explique Bergström.
À travers l’Europe, les mesures de conservation marine appliquées n’ont pas été suffisantes pour enrayer les effets de la pêche et d’autres pressions anthropiques sur les habitats protégés, par exemple dans le réseau des aires marines protégées (AMP) Natura 2000 de l’UE ou les AMP OSPAR.

L’objectif de MARHAB est d’améliorer le statut de conservation des écosystèmes marins dans la région du Kattegat-Skagerrak et au-delà en appliquant une perspective écosystémique sur la capacité à restaurer et à maintenir les habitats marins protégés en vertu de la Directive européenne sur les habitats.

De plus, il vise à démontrer des voies pour améliorer la définition du « statut de conservation favorable » des habitats en incorporant l’absence, la présence et la fonction des prédateurs dans ce cadre.
Pour y parvenir, les objectifs spécifiques suivants sont définis dans le cadre de MARHAB :

    • Proposer des moyens de réviser la Directive européenne sur les habitats
pour mieux tenir compte de l’importance de la connectivité, de la
diversité intraspécifique, de la fonction et des interactions au sein
des écosystèmes marins.
   • Faciliter une meilleure gestion des écosystèmes marins en fournissant des données, des lignes directrices supplémentaires de mesure, des valeurs et des conditions de référence référence favorables pour les espèces peu étudiées, les habitats à données limitées et les habitats à données insuffisantes.
    • Développer une méthodologie pour identifier les besoins de récupération des populations et les besoins de restauration des habitats et utiliser cette méthodologie pour identifier les habitats et les zones géographiques nécessitant des efforts de conservation et de restauration.
    • Élargir la base scientifique et la compréhension de la manière dont la gestion des pêches peut être utilisée pour améliorer le statut de conservation des habitats marins et comment, à son tour, une viabilité accrue des habitats marins peut aider à restaurer les populations d’espèces de poissons commercialement importantes.
    • Identifier des voies pour améliorer l’efficacité des AMP existantes, ainsi que des lignes directrices pour identifier, concevoir et gérer les futures AMP.

En fin de compte, MARHAB cherchera à concilier les objectifs traditionnels de la gestion des pêches avec la conservation de la biodiversité marine. Moland explique : « Les AMP sont des outils efficaces pour la conservation de la biodiversité – lorsqu’elles garantissent effectivement la protection de l’habitat et des organismes associés. »

Contact :
Joachim Claudet, Directeur de Recherche, CNRS –  joachim.claudet@cnrs.fr